Cet avis poursuit et approfondit les réflexions entamées par la CEST sur les répercussions des systèmes d’intelligence artificielle (SIA) sur le monde du travail, en se focalisant cette fois-ci sur les enjeux éthiques liés à la gestion algorithmique de la main-d’œuvre.
La gestion algorithmique de la main-d’œuvre désigne l’utilisation d’algorithmes informatiques, dont ceux basés sur l’intelligence artificielle (IA), pour assurer la supervision et la coordination des employés et des équipes de travail. Ce mode de gestion s’opère par des systèmes soutenant ou automatisant la prise de décision, pour des fonctions aussi variées que la supervision des employés, la sélection de candidats, l’évaluation du rendement, l’établissement d’objectifs ou la répartition des tâches et des horaires.
Bien que ces outils présentent de multiples possibilités en matière de productivité, de performance et d’efficacité, leur déploiement dans les milieux de travail comporte aussi de nombreux risques, parmi lesquels figurent :
Dans ce contexte, la perspective éthique générale adoptée par la CEST est la suivante : il importe que les bénéfices hypothétiques ou avérés de la gestion algorithmique en matière d’efficacité, de productivité et de performance ne soient pas priorisés aux dépens de valeurs relatives aux relations et aux conditions de travail, telles que l’autonomie, le bien-être et le respect de la vie privée des travailleurs; la justice au travail; l’équité, la diversité et l’inclusion (EDI), ainsi que la transparence, la responsabilité et l’imputabilité des organisations.
Suivant ces principes, la CEST formule dans cet avis des recommandations afin d’aiguiller les décideurs sur les meilleurs moyens d’encadrer la gestion algorithmique de la main-d’œuvre et de favoriser un dialogue social équilibré lors de l’intégration et de l’utilisation de ces outils. Elle enjoint également non seulement les directions et les travailleurs, mais aussi les différents acteurs collectifs concernés dans les milieux de travail (syndicats, associations sectorielles paritaires, groupes représentants de la société civile, etc.) à se saisir des enjeux abordés dans cet avis et à évaluer les pistes de solution qui y sont proposées.
